La Résistance normande

résistants
Raymond Ruffin a consacré une part importante de son oeuvre à l'histoire de la résistance en Normandie.
En particulier:

- Les Lucioles de ma nuit ( 1976 ). Réédité en 1980-1984-1986 –(Presses de  la Cité) link

- La Résistance normande face à la Gestapo(1977). Réédité en 1980-82-84-86-1999- ( Presses de la Cité / Ed. Bertout ). Grand Prix des Ecrivains normands 1997
- Ces Chefs de maquis qui gênaient (1980).(Presses de la Cité)- Résistance PTT (1983) (Presses de la Cité ). ''Prix de l’Académie Française, Prix Eugène Piccard.
- Guide des maquis et de la Résistance normande (1984, réédité en 1994). (Presses de la Cité). Prix   Connaissance de l’Histoire

- Normandie 1939-1945 : 3 tomes : 1) Le temps des épreuves 2) Résistance normande et Jour J 3) Le Prix de la Liberté. Cette trilogie a reçu le Grand Prix Spécial Guillaume le Conquérant du Cinquantenaire et la Grande Médaille d’Or de L’Académie des Arts et belles Lettres de Rouen.

- Les FFI, Contribution à la Bataille de Normandie (1979) Hachette

- La Résistance normande dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 ( 1979 )

- Le maquis Surcouf en Normandie ( 1999 ) Ed. Bertout


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La résistance normande face à la gestapo.

Reniée par des historiens la résistance normande fut une force essentielle dans les combats pour la libération. Et la population normande ne fut ni passive, attentiste, ou réservée, comme l'on prétendu certains. Pour rétablir la vérité, et montrer l'importance, la vitalité et l'efficacité de la Résistance normande, Raymond Ruffin a entrepris de faire revivre dans " La résistance normande face à la Gestapo" quelques-uns des principaux groupes de l'armée de l'ombre:

- Maquisards du calvados, de l'Eure, de la Manche, de l'Orne, de la Seine-Maritime.

- Groupes francs de Rouen, du Havre, d'Evreux, d'Alençon, d'Argentan, de Granville, de Vire, d'Elbeuf, d'Avranches, d'Orbec, de Vernon, de Pont-Audemer, d'Yvetot, de Blangy- sur- Bresle,de Domfront, de la Ferté Macé, de Saint-Hilaire-du- Harcouët.

-Réceptionnaires de parachutages de Neuchâtel, de Lyons-la-Forêt, de Sées, de Mortagne, de Flers, de Fougerolles-du-Plessis, de Condé-sur-Noireau, d'Ecouché, de Laigle.

- Sédentaires du renseignement de, de Saint-Lô, de Falaise, de Mortagne, de Lisieux, de Fécamp, de Vassy, de Thury-Harcourt, de Deauville, de Gisors, des Andelys .


Certes, ils ne figurent pas tous dans ce livre les valeureux volontaires du combat pour la liberté, mais à travers l'activité répressive de la gestapo et de leurs suppôts, qui leur fut si funeste, et à travers cet éventail largement ouvert sur la province romande, Raymond Ruffin montre bien que les résistants normands furent, n'en déplaise aux historiographes de bibliothèque, une force essentielle de lutte contre l'occupant.

- Ce que fut la Résistance normande par Raymond Ruffin

La résistance normande a connu deux périodes et revêtue deux aspects.

Dans un premier temps, de juin 1940 à juin 1942, elle fut essentiellement axée sur la chasse aux renseignements. cette forme d'action discrète s'explique par une double raison : d'une part, un manque évident de moyens en armes, munitions, matériel de sabotage, équipements, etc... qui rendaient pratiquement impossible toute activité de guérilla, d'autre part par la mise en place de réseaux - tant français que britanniques - ayant pour mission de fournir à Londres le maximum d'informations sur l'attitude allemande. On se souvient que celle -ci après avoir été orientée au départ sur des plans offensifs, (invasion de l'Angleterre), fut ensuite fondée sur une stratégie défensive, (mur de l'Atlantique).

A partir de juin 1942, on voit apparaître les premiers corps francs et maquis, sans pour autant que la quête première se ralentisse, mais elle ne fait plus que complémentariser l'action directe. Cette métamorphose est due à plusieurs causes : d'abord une prise de conscience progressive de la population qui n' accorde plus de crédit au gouvernement de Vichy, ensuite l'arrivée dans les campagnes de milliers de jeunes gens désireux de se soustraire au service du travail obligatoire en Allemagne (S.T.O.), enfin la mise à disposition des résistants, par parachutages, d'armements et d'instructeurs. Ce faisceau d'événements favorisa la création de groupes actifs qui donna naissance au corps francs et aux maquis.

La Normandie n'est certes pas, en raison de sa topographie générale, une région spécialement propice à l'implantation de camps de partisans. De plus, la densité des troupes d'occupation demeura toujours en fonction des plans évoqués précédemment, très élevée. Ces deux facteurs générèrent l'essor de la lutte clandestine, mais les patriotes du cru surent fort bien s'en accommoder. Utilisant à merveille les ressources naturelles de leur pays : forêt, bois, taillis, bocages, grottes, marais, ils parvinrent dans bien des secteurs, à organiser de solides bastions de résistance.

Parallèlement dans les grandes villes : Rouen, Caen, Le Havre, Cherbourg, Alençon, Argentan, Vernon, Evreux, Vire, Dieppe, etc....des équipes de sédentaires, reliées à des mouvements nationaux, apparurent assez vite et firent régner, par leurs attentats répétés contre les installations ennemies, un climat d'insécurité permanente qui handicapa la force occupante.


A partir de l'été 1943, époque où se mettent en place des structures de la résistance en métropole, on assiste, en Normandie comme ailleurs, à une militarisation des formes patriotiques qui passent toutes sous l'autorité des états-majors londoniens. L'envoi de délégués militaires régionaux (D.M.R.) et des représentants du War- Office britannique acheva la coordination des différents groupements.


A l'aube du débarquement du 6 juin 44, malgré les coups très durs portés par la police allemande, et notamment par la gestapo qui décima complètement certaines formations, la résistance normande put, au prix de sacrifices admirables, effectuer toutes les missions qui lui avait été demandées. Dans la nuit du 5 au 6 juin, des milliers d'hommes intervinrent sur des objectifs précis : ponts routiers et ferroviaires, lignes téléphoniques et télégraphiques, pylônes électriques, câbles souterrains, voies de chemin de fer... furent détruits, isolant les troupes qui recevaient le premier choc. Les jours suivants, les attaques de convois, d'installations militaires, de cantonnements légers s'accumulèrent, cependant que les abattages d'arbres sur les routes, bloquant les colonnes de renforts sur lesquelles s'acharnait ensuite l'aviation alliée.


Du 6 juin au 28 août 1944, cette dernière date marquant la libération totale de la province, les résistants normands participèrent très activement aux combats, d'abord lors de l'élargissement de la tête de pont, puis dans le contexte même de la bataille. Les maquis de l'Orne et de l'Eure, les corps francs de la Manche, du Calvados, et de la Seine-maritime jouèrent alors un rôle important en retardant l'arrivée des renforts, en guidant les troupes alliées, et en servant très souvent d'éclaireurs et de voltigeurs aux avant-gardes. Enfin, derrière les divisions britanniques et américaines, ce sont les francs-tireurs régionaux qui ratissèrent la campagne à la recherche d'éléments épars ou de bataillons encerclés. C'est ainsi qu'ils ramenèrent des milliers de prisonniers. Si complémentairement on veut bien se souvenir de l'importance et du nombre de coups de mains exécutés de 1942 à 1944, et dont il serait bien trop long de dresser ici l'inventaire , on constate toute l'efficacité de la Résistance normande.

(Extrait de la préface du "Guide des maquis et hauts lieux de la résistance normande".)


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Le prix de la liberté:

Population civile: les quatre années d'occupation se sont soldées dans la région par la déportation de 1 537 personnes (dont plus de la moitié ont péri dans les camps de concentration ou d'extermination), à l'envoi devant un peloton d'exécution de 172 condamnés à mort ou otages et le massacre d'au moins 500 civils au cours de la Bataille de Normandie.

Résistants: quatre mille résistants normands ont été déportés, mille ont été fusillés, à l'instar de Claire Girard, 23 ans, qui laisse derrière elle une lettre bouleversante. Finis les «printemps à guetter, les étés à laisser passer...»

 



L'implantation de la Résistance en Normandie.

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Les effectifs de la Résistance normande:

Au 15 octobre 1943:                                                                      au 1 er juin 1944:

- Calvados:              1490                                                                          1650
- Eure:                       2080                                                                          4700
- Manche:                 1441                                                                          1621
- Orne:                       3350                                                                          3750
- Seine Maritime:     3800         


 


                                                             La Résistance armée en Normandie:

organigramme


 



Les débuts de la résistance en Normandie:
Voir les témoignages remarquables de Jacques Vico (Groupe Robert, réseau OCM, Caen), Paul Legoupil (Front Patriotique de la Jeunesse Front National, responsable pour la Seine inférieure, déporté à Auschwitz et Buchenwald), Bernard Boulot et Bernard Duval (résistants du Front National, Caen, agents de liaisons, déportés à Sachsenhausen), sur les débuts de la résistance en Normandie.

 

 

http://www.2gm-normandie.com/chronologie.php?part=31400&content=182
 
 Jacques Vico et les fusillés de la prison de Caen
http://www.2gm-normandie.com/carte.php?part=41100&type=video

voir aussi le site de Jacques Vico:
http://jacques-vico.fr/
 


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A la lumière de ses ouvrages consacrés à la Résistance en Normandie, quatre aspects principaux se détachent :


1) La virulence et la puissance d'un vaste mouvement patriotique, s'appuyant sur des organisations multiples et une population laborieuse favorable.

2) La part prépondérante prise par les clandestins aux combats de la Libération ainsi que l'aide conséquente, et appréciée, apportée aux armées amies.

3) L'effort extraordinaire accompli par toutes les formations résistantes, dans les cinq départements, pour assurer le recueil et le sauve-tage des aviateurs alliés'.

4) L'attitude héroïque adoptée, face aux tortures et à la mort, par tous ceux et toutes celles qui connurent les affres de la répression. On pourrait compter sur les doigts d'une seule main les cas d'aveux ayant entraîné des arrestations en cascade.

On peut donc conclure, sans tomber dans la surestimation, que la Résistance normande fut, compte tenu du poids de l'occupation sur la province, en tous points exemplaire. Sans vouloir faire étalage d'esprit de clocher, ni s'ingénier à glorifier béatement, il doit être admis que certaines régions, moins soumises à la densité des troupes allemandes et plus favorisées géographiquement, n'apportèrent pas à la lutte clan-destine un aussi actif soutien.

Il n'est pas question de diviser l'effort national de la Résistance, nous sommes trop attachés à son esprit pour cela, mais il nous semble nécessaire de rendre aux Normands la place qu'ils méritent dans les rangs de l'armée de l'ombre.

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La Résistance, qui fut le fait de peu, est revendiquée par beaucoup. Il est, à cet égard, plaisant d'entendre tel ou tel couard qui n'aurait pas osé se risquer dans la rue avec un tract dans sa poche, évoquer les hautes actions par lui accomplies l

La Résistance, c'était l'engagement de tout mettre en œuvre pour libérer le sol national ; c'était la volonté de s'opposer de toutes ses forces, et si minces fussent-elles, à l'exécrable régime de l'épouvante et de la terreur.

La Résistance, c'était s'unir, se rassembler, s'insuffler l'oxygène nécessaire pour que les humbles brandons redeviennent un feu pétillant aux flammes purificatrices.

La Résistance, c'était le don de soi, de sa vie ; c'était l'acceptation de la souffrance, de la torture et des supplices. C'était la froide connaissance du risque encouru pour sa propre personne, mais aussi pour les êtres chers et vulnérables.

La Résistance, c'était le refus de l'asservissement, non seulement pour sa génération, mais pour celles à venir ; c'était lutter pour que la jeunesse d'aujourd'hui s'exprime libre, épanouie et heureuse.

La Résistance, ce fut cette levée d'abord craintive, puis de plus en plus massive, d'honnêtes gens qui s'érigèrent en garants de notre souveraineté nationale, de nos institutions démocratiques, de nos lois républicaines, et de notre société, quand la faillite des clercs et la lâcheté des gouvernants nous vouaient à l'esclavage, à la discrimination raciale, au démantèlement des esprits et au bradage du terroir.
C'est cet héritage-là que nous avons charge de défendre et de maintenir.

Pas plus qu'ils n'acceptaient le compromis avec les dirigeants félons de l'époque, nous ne devons, sous couvert de " réconciliation ", tendre la main à ceux qui prônent ou défendent les théories pétainistes ou maurrassiennes, nouveaux liquidateurs en puissance du patrimoine. On ne se " réconcilie " pas avec les complices des assassins de ses frères ou de ses parents. On ne compose pas avec la lâcheté, on s'en écarte.

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Aujourd'hui, les grandes voix de la Résistance sont encore là, heureusement, pour se faire entendre et y veiller, mais demain?

Il n'est pas question de dériver dans la haine gratuite, sentiment contradictoire avec l'esprit de la Résistance ; la jeunesse du monde actuel n'est pas responsable des tares et des actes démentiels de ses grands-parents. Qu'elle soit de France, d'Allemagne, de Russie, d'Angle-terre ou d'Amérique, c'est au contraire sur elle, sur sa lucidité, que repose notre confiance.

Mais il convient de demeurer vigilants, si l'on ne veut pas voir un jour quelque nouveau dictateur faire trembler le monde dans un séisme fasciste.

 




Du côté des délateurs...

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Texte: les lucioles de ma nuit. Raymond Ruffin

 

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